Formé par les maîtres de l’Académie Ranson (Paris) à un art déco conciliant tradition et modernité, convaincu de la nécessité d’employer des matériaux de construction modernes tels que le béton armé, adepte du purisme d’Auguste Perret et de Le Corbusier, Max Boullé est l’un des grands bâtisseurs de l’île Maurice de l’entre-deux-guerres.
De 1925 à 1947, il travaille à de nombreux édifices religieux, mais aussi à des bâtiments civils et maisons individuelles (à Floréal et à Curepipe) de style néo-classique et Art déco.
Dès 1946, Max Boullé s’associe à Marcel Lagesse, puis à Mara Schaub, pour ouvrir le premier cabinet d’architecte de l’île. Le cabinet Boullé-Lagesse-Schaub réalisa entre autres plusieurs programmes de logements sociaux ainsi que l’édification du nouvel Hôtel de Ville de Port-Louis (1962-1966).
LES ÉDIFICES RELIGIEUX
Au cours de l’entre-deux-guerres, Max Boullé construit, restaure et agrandit pas moins de trente-six établissements religieux d’obédience catholique : la plupart sont des églises, chapelles et cures. Sous le sacerdoce de Mgr Leen, Max Boullé est l’architecte de référence de l’évêché de Port-Louis. Il n’est pourtant pas habité par un esprit de mission à son retour de France : seules les circonstances le conduisent à bâtir pour l’Église mauricienne. Son intelligence, sa sensibilité, sa compréhension des besoins de la communauté catholique en font leur interlocuteur privilégié. Plusieurs de ces édifices enrichissent aujourd’hui le patrimoine architectural de l’île Maurice – en particulier le collège Saint-Joseph à Curepipe, la Chapelle de Cap Malheureux, le monument Marie Reine de la Paix à Port-Louis, ou encore la Chapelle du Montmartre à Rose Hill.
LES BÂTIMENTS CIVILS
Les constructions Art déco de Max Boullé sont guidées par un fort principe d’unité, faisant appel au béton et à des lignes géométriques imposantes et anguleuses. Ce recours au béton l’incite à simplifier l’architecture, et interdit l’ajout d’ornements sculptés au relief très accusé. En 1937-38, il travaille ainsi sur la construction de deux projets civils d’envergure à Curepipe : le Ritz pour le Consortium Cinématographique ; et l’immeuble de la G.E.S.C – General Electric Supply Company Ltd (aujourd’hui le CEB). L’Hôtel de Ville de Port-Louis est aussi le dernier ouvrage de prestige réalisé du vivant de Max Boullé (inauguré en 1966).
Les maisons individuelles
Dans les années 1930 et 1940, Max Boullé a conçu les plans de plusieurs maisons individuelles, constituant aujourd’hui un bel ensemble Art déco disséminé dans les Plaines Wilhems. La plupart de ces maisons sont des bâtiments à division tripartite, avec une partie centrale présentant une rotonde de plain-pied (maison Le Breton) ou un portail à colonnes toscanes sans piédestal et corniche architravée (maison Vigier de Latour). De chaque côté, on retrouve une aile en retrait percée de grandes baies vitrées, tandis que balustrades et terrasses donnent naissance à des galeries circulaires – souvenirs des portiques classiques. Toutes ces constructions empruntent au néo-classicisme une géométrie angulaire peu conforme à l’Art nouveau, habituellement dominé par les courbes et les figures en spirale.